SOUS LA YOURTE


Les sain ba no fusent, les signes de bienvenue et invites à entrer dans la gher se multiplient. Nous entrons en prenant bien soin d’enjamber le seuil de la gher pour ni le buter, ni trébucher surtout en sortant car cela serait signe de malheur : ici tout est symbole. A peine des bouses de yak sont-elles jetées dans le poêle qu’apparaît le thé au lait salé fumant, le plateau de fromage et bol de crème qu’avec délice, les yeux plus gros que le ventre nous étalerons en épaisse couche sur des biscuits fait maison.

La maîtresse de maison nous offre ces mets en les présentant de sa main droite qui prend appui sur sa main gauche, encore un symbole. Nous les recevons comme il se doit : les mains jointes. Le mari verse de la vodka fraîchement distillée dans une soucoupe en argent qui fera plusieurs fois le tour des convives. C’est déjà l’ivresse, l’ivresse de la rencontre, l’ivresse du plaisir partagé. Il fait bon sous la yourte qu’en moins de deux l’argal a réchauffé car, si fin septembre les journées sont encore pleines de soleil il fait un peu froid dès le milieu de l’après midi. Notre hôtesse s’active nous gavant presque que nous crions grâce ! A l’intérieur triomphe la couleur orange, la couleur du soleil qui réchauffe de ses rayons la steppe comme le disent les nomades. Finement décorées des perches de bois reposent sur chaque intersection du treillis qui constitue les murs de la yourte. Ces perches se rejoignent au centre sur la couronne qui va soutenir toute la structure grâce à ses deux mâts porteurs, eux aussi sont sacrés et on se doit d’éviter d’y prendre appui. Dans ce cocon de 22m2 on trouve des lits, un buffet, un autel pour les offrandes et dévotions et des bidons pour préparer l’airak. Tout objet dans la gher a une place qui a sa symbolique, on ne saurait les installés autrement. Au centre de la yourte bout en permanence une bassine d’eau sur le poêle en fonte, de son tuyau sort la fumée signe de vie, signe d’accueil et de bienvenue. Les mongols ont une grande tradition de l'hospitalité, ils accueillent tous les voyageurs de passage : on ne laisse jamais dehors celui qui demande asile. Ce sont les dures conditions climatiques et les terribles hivers, qui sont à l'origine de cette coutume. Eparpillées dans tout le pays, les yourtes font partie du paysage, et souvent elles sont l'unique signe de vie à des kilomètres à la ronde. Les yourtes ont été parfaitement conçues pour la vie des nomades, elles peuvent être montées et démontées en moins d'une heure, grâce à la collaboration de toute la famille. Les yourtes rappellent la structure ouverte d'un parapluie sur laquelle sont fixées des bandes de feutre enduites de graisse. La tente traditionnelle est l'habitation idéale pour l'environnement hostile dans lequel vivent les nomades. Sa forme ronde, et son hauteur pas très élevée lui permet de résister, au vent violent et glacial de la steppe, tout en se protégeant l'été du soleil brûlant.


On nous demande ce que nous aimerions manger au retour de notre expédition de la vallée à la recherche des cavaliers mandchous gravés, il y a si longtemps, sur des rochers que nous devrons, pour les admirer, escalader comme des argali. Nous rentrons affamés par la longue course dans la steppe l’appétit aiguisé aussi par les arômes qui s’échappent de la marmite. Nous plébisciterons plusieurs fois les pâtes de notre hôtesse qui mélangées à des pommes de terre, du choux et des dés de viande de chèvre battaient de loin, ce soir là, notre cuisine française. Les enfants jouent sans bruit dans la gher et tout en s’amusant ils apprennent la vie des steppes en observant les adultes. La rudesse du travail de la steppe n’empêche pas aux pères d’être attentionnés et de s’occuper de leur progéniture quand les mères vaquent à leurs occupations.

On déroule les tapis, la gher se prépare doucement pour la nuit, les hommes se mettent à chanter entonnant des chants qui racontent la vie de leur steppe et rivières bien aimées. Charmés par ces voix puissantes le temps déjà s’écoule au ralenti et tout à coup s’arrête, plus rien ne sembla exister autour de nous que la magie de cet instant hors du temps et nos émotions et notre surprise de partager cette vie si simple et pourtant si riche.
Alors que la douce plainte du khömmi (chant de gorge traditionnel) emplie la nuit, dehors, Salik, le vent des steppes, qui s’est levé joue avec le quart de lune et les étoiles brillant de mille feux et illuminant presque comme en plein jour la steppe, notre steppe désormais bien aimée…

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