LES PALAIS

ou l'art de vivre

LES PALAIS: l'art sublimé

Se perdre dans les ruelles entrecoupées de voûtes et d'arcs du vieux quartier chrétien d'Alep, longer les façades sobres et épurées de la rue Jdaideh qui ne laissent en rien soupçonner l'extraordinaire beauté des intérieurs. Oser pousser la porte de quelques maisons de ces fortunés marchands d'un autre siècle pour en saisir des bribes de vie. Se laisser surprendre par le raffinement dévoilé par ces portes entrouvertes et subir le charme qui émane de ces vieilles pierres. Ces maisons parfois transformées en musées, hôtel ou restaurants vous invitent à la découverte des saveurs orientales et exciteront votre imagination. Comme un pèlerinage il faut toutes les visiter pour mieux saisir dans quel luxe vivaient ces habitants du temps du commerce avec la Sérénissime. Au cœur d'Alep et de Damas, dans les vieux quartiers et dans le fin fond des souks, syriens et étrangers amoureux de ces pierres millénaires restaurent des anciennes demeures mameloukes pour y travailler et y vivre dans un raffinement oriental. La restauration et la mise en valeur du patrimoine par des particuliers redonnent ses lettres de noblesse à ces plus vieilles villes du monde.
C'est la décoration qui a fait la réputation de ces petits palais, murs et plafonds sont en bois peint, sertis d'or et de petits médaillons figurant des mosquées et des dômes au dessin vif et naïf ou des corbeilles de fleurs et de fruits. Autrefois on invitait chanteurs et musiciens chez soi pour jouer de la musique dans le grand salon de réception ou les invités et leurs hôtes du haut de l'estrade en marbre rose les écoutaient tout en partageant quelques pistaches fraîches et un verre de thé.
En Syrie, les habitations traditionnelles qui pour la plupart datent du XVIIIe et XIXe sont tournées vers une cour intérieure prolongée par un salon d'été de conception iranienne, l'iwan. La combinaison de la cour typique de la demeure méditerranéenne et de l'iwan font l'originalité de ces maisons où le frémissement des feuillages et la senteur des fleurs des orangers et des citronniers invitent à la rêverie. Dans le patio, l'iwan est une halte d'ombre parfumée pour écouter le cliquetis des sébiles, ces fontaines murales qui versent en murmurant leurs gouttelettes d'eau… alors qu'un escalier extérieur couvert d'une treille grimpe vers les toits où à l'heure du crépuscule les chrétiennes d'Orient comme les femmes voilées qui cachent leur peau de nacre vont écouter la beauté du chant du muezzin et c'est ici sous le croissant de lune que Damas et Alep lèvera le voile pour nous.